L’Assemblée générale demande aux États Membres d’observer la Trêve olympique dans l’esprit de la Charte des Nations Unies
Ce matin, à l’issue de son débat annuel sur le sport au service du développement et de la paix, l’Assemblée générale a adopté par consensus la résolution intitulée « Édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique ».
L’Assemblée a également pris la décision de reporter au 24 décembre prochain la date de suspension de la session et de prolongation des travaux de la Cinquième Commission (administrative et budgétaire) afin de permettre un examen approfondi des points inscrits à son ordre du jour.
Dans quelques mois seulement, tous les regards du monde seront tournés vers l’Italie, s’est enthousiasmée la nouvelle Présidente du Comité international olympique (CIO). Bien que le texte présenté par l’Italie ait été adopté sans mise aux voix, quelques délégations ont tenu à souligner l’importance de ne pas politiser la question du sport.
Un texte qui appelle au respect d’une trêve olympique
Par cette résolution, l’Assemblée générale demande instamment aux États Membres d’observer la Trêve olympique dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tout au long de la période qui s’étend du septième jour précédant l’ouverture des XXVes Jeux olympiques d’hiver au septième jour suivant la clôture des XIVes Jeux paralympiques d’hiver, qui se tiendront à Milano-Cortina (Italie) en 2026.
Les Jeux olympiques et paralympiques de Milano-Cortina, qui se tiendront du 6 au 22 février 2026 pour les Jeux olympiques et du 6 au 15 mars 2026 pour les paralympiques, devraient être une « une lueur d’espoir, une alternative à la rivalité et à la division », a d’emblée affirmé M. Giovanni Malagò, Président du Comité d’organisation, qui a introduit le projet de résolution.
Environ 3 000 athlètes, venus de 91 pays, concourant dans 116 disciplines, seront présents à cet événement, avec une première cette année: une compétition de ski-alpinisme. Parallèlement, les Jeux paralympiques marqueront le cinquantième anniversaire de l’édition hivernale, avec plus de 660 athlètes issus de 79 pays participant à 6 disciplines sportives.
Alors que l’olympisme est « historiquement lié à la paix et à la suspension des conflits », la résolution demande notamment de garantir que les athlètes, les officiels et toutes les autres personnes accréditées prenant part aux Jeux olympiques d’hiver et aux Jeux paralympiques d’hiver peuvent se rendre aux Jeux et y participer en toute sécurité, ainsi que de contribuer, grâce à toutes les autres mesures de sécurité appropriées, au bon déroulement des Jeux.
De plus, l’Assemblée demande à tous les États Membres de s’associer à l’action que le CIO et le Comité international paralympique mènent pour « faire du sport un outil de promotion de la paix, du dialogue, de la tolérance et de la réconciliation dans les zones de conflit pendant les Jeux olympiques et paralympiques et après ».
Le sport, « moteur de paix » et « espace de rencontre »
Avant l’introduction du projet de résolution, la Présidente de l’Assemblée générale, Mme Annalena Baerbock, a rappelé que la Trêve olympique appelle les nations à déposer les armes et à permettre aux athlètes de voyager et de concourir.
Même en temps de division, a-t-elle appuyé, le sport peut unir l’humanité, tout en incarnant la discipline, le respect, le courage et l’équité: des valeurs qui transforment l’adversaire en partenaire et montrent que chacun doit jouer selon les règles pour devenir champion. Le sport enseigne également que perdre n’est pas échouer, mais préparer la victoire future. Il favorise la réconciliation, l’inclusion et l’égalité, indépendamment de l’origine, de la religion ou du genre.
Le sport est aussi « moteur de paix », de droits humains et de développement durable, a-t-elle insisté. « Imaginez à quoi ressemblerait le monde s’il ressemblait davantage à un terrain de football, où la couleur de votre peau, les revenus de vos parents, qui vous aimez ou en quel dieu vous croyez n’auraient plus d’importance, mais où seuls comptent votre capacité à marquer un corner et le soutien de votre équipe. »
Pour la Présidente du Comité international olympique, Mme Kirsty Coventry, le CIO et l’ONU partagent le même objectif: rassembler les peuples. Le sport, et les Jeux olympiques en particulier, peut offrir un espace rare où les gens se rencontrent non pas en adversaires, mais en êtres humains, a-t-elle dit.
Milano-Cortina 2026 revêt une importance particulière: une nouvelle approche des Jeux d’hiver; une parité hommes-femmes plus forte que jamais; une célébration de la tradition et de l’innovation; et un déroulement dans des régions où les sports d’hiver font partie intégrante de la vie et de l’identité locales.
Large consensus parmi les délégations, reflet de l’unité autour du sport
Reflet du large consensus exprimé lors de l’adoption du texte, les interventions qui ont suivi n’ont pas tari de superlatifs sur les vertus du sport, et sur les manières de s’en saisir pour parvenir aux objectifs communs de l’ONU, en particulier dans le contexte international actuel.
C’est un « un levier de paix », « une force unique », un « instrument puissant », un « langage commun de l’humanité qui rassemble les peuples par-delà les frontières et les cultures, et transcende les frontières, les races et les générations », un « moteur de développement durable et un moyen de promouvoir l’inclusion sociale et d’autonomiser les jeunes et les femmes ».
« La résolution nous rappelle avec force que les défis collectifs exigent une unité mondiale », a résumé l’Union européenne.
La culture sportive favorise la compréhension mutuelle en célébrant la diversité de l’expression humaine, le sport complète ces efforts en créant des expériences partagées qui transcendent les différences, aux dires de Chypre, de la Thaïlande, du Koweït, du Qatar ou de la Chine.
Pour le Liban également, le sport est bien plus qu’un simple jeu, c’est un puissant outil d’inclusion et de développement. Le sport est aussi un investissement dans l’être humain et un vecteur de développement et de paix, a abondé la Tunisie.
Le Rwanda a expliqué avoir fait du sport un moteur de transformation économique, du tourisme aux infrastructures, de l’innovation aux partenariats mondiaux. Dans le cas du Burundi, le sport a transcendé les divisions: d’anciens adversaires sont devenus coéquipiers, les supporters se sont rassemblés derrière leurs équipes régionales, et progressivement, un sentiment d’appartenance commune a émergé.
Le sport encourage également des valeurs de respect, d’équité, d’amitié, et contribue à l’éducation, à la santé, à l’inclusion, à l’égalité des genres et au développement durable. C’est un « vecteur d’égalité, de paix et d’autonomisation, notamment des femmes », a rappelé la Principauté de Monaco, notant que les Jeux paralympiques de Milano-Cortina devraient être les Jeux d’hiver les plus équilibrés en termes de représentation hommes-femmes à ce jour, avec 47% de femmes parmi les athlètes.
Avec Paris 2024, la France a développé un modèle sobre, inclusif, accessible et respectueux de l’environnement, s’est félicité le représentant de la France. Cette dynamique se poursuivra avec Milano-Cortina 2026 et les Alpes françaises 2030, fondée sur la valorisation des sites existants, la coopération transfrontalière et l’adaptation aux enjeux climatiques, a-t-il assuré. Les États-Unis se réjouissent d’accueillir la flamme olympique à Los Angeles en 2028 et à Salt Lake City en 2034, a enchaîné la déléguée américaine.
« L’excellence, l’amitié et le respect sont des valeurs essentielles pour l’ONU et tous les États Membres », a-t-elle reconnu.
Promouvoir le sport mais aussi sa neutralité, sans politisation
Quelques voix discordantes se sont cependant fait entendre, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine, celle-ci appelant clairement à l’exclusion de la Russie de toute compétition internationale.
L’Ukraine a accusé la Fédération de Russie d’avoir, dans le cadre de sa « guerre d’agression », tué au moins 640 sportifs ukrainiens et blessé de nombreux autres, sans compter les portés disparus. La Fédération de Russie ayant également « détruit ou endommagé des centaines d’infrastructures sportives », elle a clairement demandé à la communauté internationale de maintenir l’exclusion dont font l’objet la Fédération de Russie et le Bélarus, « complice de cette agression ».
Un pays qui « tue des athlètes, détruit des stades, n’a aucune légitimité à parler d’idéal olympique », a poursuivi le représentant ukrainien, se félicitant de la décision du CIO de maintenir la suspension du Comité olympique russe. Ces deux pays doivent rester absents de ces compétitions internationales, tant que dure la guerre d’agression contre l’Ukraine.
Directement mise en cause, la Fédération de Russie a considéré que le sport dans le monde doit être régi par ses propres règles, « indépendamment de la conjoncture politique et des préférences », et ne doit en aucun cas devenir un objet de manipulation ou de discrimination. Tous les olympiens doivent avoir la possibilité de participer aux compétitions sur un pied d’égalité, dans une atmosphère de respect et de justice, a insisté le délégué russe.
Relevant que la Charte olympique dispose que la jouissance des droits et libertés reconnus dans ladite Charte doit être assurée à tous, « sans discrimination d’aucune sorte », il a exigé son respect par les « pays occidentaux qui soutiennent » la résolution.
À l’instar de la Chine, quelques délégations ont, de leur côté, appelé au respect du principe de neutralité politique dans le sport et à éviter de politiser les manifestations sportives. Préserver l’autonomie et garantir que les athlètes puissent participer librement aux Jeux, jugés uniquement sur leurs mérites sportifs et non sur des considérations politiques est un impératif, a insisté le Qatar. Le Comité international olympique doit maintenir sa neutralité et l’intégrité des Jeux, a également insisté la Hongrie.
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