"A personal research through 5 entites: experimenting, testing and sometimes failing to reach something unexpected"

mercredi 16 janvier 2013

MALDOROR | EMILIE JONET

Here is to start off this new year 2013.
As KERNAL, will be working on creating the soundscape for a Theater piece conducted by Emilie Jonet from Brussels.
A Theater inspired by the obsur french author, Lautréamont and his most famous work "les Chants de Maldoror" developing a unusual atmosphere working on textures, smells and sub-drone..

"Une installation théâtrale immersive et inhumaine d'Emilie Jonet, librement inspirée des Chants de Maldoror, interprétée par des enfants de Malines dans les abysses sonores de Kernal. Dans cette expérience kinesthésique menée aux confins du bien et du mal, l'ambiance sombre et le tourbillon des forces contraires qui rythment l'écriture d'Isidore Ducasse sont traduits en chairs et en affects, ramenant le spectateur au jeu indécidé de la raison et de la déraison, de l'ordre et du désordre, de la fureur et de la cruelle lucidité... Ô mathématiques sévères!""

The performance will be held at the KunstCentrum nOna in Mechelen on the 20.02 and 21.02.
More infos here

"Ah ! vois-tu, jeune fille, je t’engage à ne plus reparaître devant mes yeux, si jamais je repasse dans la rue étroite. Il pourrait t’en coûter cher ! Déjà le sang et la haine me montent vers la tête, à flots bouillants. Moi, être assez généreux pour aimer mes semblables ! Non, non ! Je l’ai résolu depuis le jour de ma naissance ! Ils ne m’aiment pas, eux ! On verra les mondes se détruire, et le granit glisser, comme un cormoran, sur la surface des flots, avant que je touche la main infâme d’un être humain. Arrière… arrière, cette main !… Jeune fille, tu n’es pas un ange, et tu deviendras, en somme, comme les autres femmes. Non, non, je t’en supplie ; ne reparais plus devant mes sourcils froncés et louches. Dans un moment d’égarement, je pourrais te prendre les bras, les tordre comme un linge lavé dont on exprime l’eau, ou les casser avec fracas, comme deux branches sèches, et te les faire ensuite manger, en employant la force. Je pourrais, en prenant ta tête entre mes mains, d’un air caressant et doux, enfoncer mes doigts avides dans les lobes de ton cerveau innocent, pour en extraire, le sourire aux lèvres, une graisse efficace qui lave mes yeux, endoloris par l’insomnie éternelle de la vie. Je pourrais, cousant tes paupières avec une aiguille, te priver du spectacle de l’univers, et te mettre dans l’impossibilité de trouver ton chemin ; ce n’est pas moi qui te servirai de guide. Je pourrais, soulevant ton corps vierge avec un bras de fer, te saisir par les jambes, te faire rouler autour de moi, comme une fronde, concentrer mes forces en décrivant la dernière circonférence, et te lancer contre la muraille. Chaque goutte de sang rejaillira sur une poitrine humaine, pour effrayer les hommes, et mettre devant eux l’exemple de ma méchanceté ! Ils s’arracheront sans trève des lambeaux et des lambeaux de chair ; mais, la goutte de sang reste ineffaçable, à la même place, et brillera comme un diamant. Sois tranquille, je donnerai à une demi-douzaine de domestiques l’ordre de garder les restes vénérés de ton corps, et de les préserver de la faim des chiens voraces. Sans doute, le corps est resté plaqué sur la muraille, comme une poire mûre, et n’est pas tombé à terre ; mais, les chiens savent accomplir des bonds élevés, si l’on n’y prend garde." (Maldoror, II, 5)



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