Asie - Pacifique
Afghanistan
-
Classement 2025
175/ 180
Score : 17,88
Indicateur politique
163
17,78
Indicateur économique
165
25,10
Indicateur législatif
178
11,43
Indicateur social
175
18,92
Indicateur sécuritaire
175
16,16
Classement 2024
178/ 180
Score : 19,09
Indicateur politique
164
20,07
Indicateur économique
164
29,06
Indicateur législatif
179
16,35
Indicateur social
179
16,07
Indicateur sécuritaire
179
13,90

L'arrivée au pouvoir des talibans a sonné le glas de la liberté de la presse dans ce pays de 40 millions d’habitants. Les médias locaux sont désormais tenus de diffuser des informations contrôlées par le régime, dans un paysage médiatique désormais dépourvu de pluralisme et de discours critique. Et la répression des journalistes n'a cessé de s'intensifier.

Paysage médiatique

Depuis le retour des talibans au pouvoir, en août 2021, le paysage médiatique a été décimé. En l'espace de trois mois, 43 % des médias afghans ont disparu. Plus des deux tiers des 12 000 journalistes que comptait le pays en 2021 ont cessé leur activité. Huit femmes journalistes sur dix ont abandonné la profession. Les quelques rares femmes encore en activité sont soumises à toutes sortes de restrictions (interdiction d'accès aux sources officielles, de voyager sans chaperon, d’apparaître à l’image dans les médias publics, ségrégation dans le lieu de travail, obligation de se couvrir le visage, etc.) et victimes d'abus (harcèlement, salaires très bas voire inexistants, etc.).

Contexte politique

Les talibans ont annoncé la formation de leur gouvernement, l'Émirat islamique d'Afghanistan, le 7 septembre 2021. Depuis, les exécutions extrajudiciaires, les arrestations, et détentions arbitraires se sont multipliées. Le régime a progressivement imposé un contrôle idéologique total sur la société, tout en réprimant les voix dissidentes. La situation est particulièrement confuse pour les journalistes, qui reçoivent de multiples directives de nombreux acteurs, dont le ministre de la l’Information et de la Culture, mais également les services de renseignements (appelés Istikhbarat ou Direction générale du renseignement - GDI), le ministère pour la Promotion de la vertu et la Répression du vice, ou encore le Centre gouvernemental des médias et de l’information (GMIC).

Cadre légal

Promulguées en septembre 2021, les "11 règles du journalisme " ont ouvert la voie aux pires persécutions. Si en 2022, le porte-parole du gouvernement, Zabihullah Mujahid, avait affirmé que la loi sur la presse de 2009, amendée en 2015, restait applicable, le ministère de la Justice a annoncé en 2024 son abrogation, le ministère de l’Information et de la Culture souhaitant qu’elle soit conforme à la charia. Des propositions d'amendements sont en attente. La Commission des plaintes et des violations des droits des médias, rétablie en 2022 , se trouve sous la tutelle du ministère de l'Information et de la Culture. La loi sur la promotion de la vertu et la prévention du vice de 2024, qui interdit à présent la diffusion d’images d'êtres vivants, a entraîné la fermeture de chaînes de télévision dans plusieurs provinces. Cette loi dispose également que la voix d'une femme ne doit pas être entendue en dehors de son domicile, poussant de nombreux médias à abandonner tout contenu centré sur les femmes. En parallèle, la Direction générale du renseignement (GDI) continue d’arrêter et de détenir arbitrairement des journalistes.

Contexte économique

L’économie, qui dépendait largement de l’aide internationale, s’est effondrée. Ce contexte a encore plus fragilisé les médias et précarisé les journalistes. Les médias indépendants, qui au cours des deux dernières décennies survivaient grâce aux financements étrangers et aux projets internationaux, ont été touchés de plein fouet par la suspension du financement international. En outre, face à la baisse significative des recettes publicitaires, à l'augmentation des coûts opérationnels (taxes, renouvellement des licences, électricité, etc.) et aux multiples restrictions, les médias restent dans une situation financière précaire.

Contexte socioculturel

La critique du régime taliban est interdite et l'autocensure est la règle. De nombreux sujets sont tabous, tels que la religion, le statut des femmes, des minorités et les droits humains en général. La censure officieuse est imposée par divers moyens. Dans certaines provinces, les journalistes ont l’obligation d’envoyer leurs articles avant publication au département local de l'Information et de la Culture. Des talibans sont parfois employés dans l'équipe d’un média pour le surveiller. Et les réseaux sociaux sont étroitement surveillés. Seuls quelques médias afghans en exil couvrent l'actualité du pays de manière indépendante. Pour accéder à une information qui n’est pas sous contrôle, les Afghans se tournent vers des médias en exil ou étrangers, accessibles en ligne pour ceux qui disposent d'un accès Internet.

Sécurité

Le retour au pouvoir des talibans a entraîné une fuite massive des journalistes à l'étranger. Pour ceux restés dans le pays, la menace d’être arrêté par les forces de sécurité talibanes et la Direction générale du renseignement (GDI), plane en permanence. La GDI procède à des arrestations arbitraires et à des détentions secrètes, accompagnées de torture, qui peuvent durer de quelques jours à plusieurs mois. Les journalistes travaillant avec des médias étrangers ou en exil sont tout particulièrement ciblés, accusés d'espionnage et de donner une image négative des talibans. Arrêté le 5 janvier 2023, le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi est resté en détention pendant neuf mois.

Exactions en temps réel en Afghanistan

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Tués depuis le 1er janvier 2025
0 journalistes
0 collaborateurs des médias
0
Détenus à ce jour
6 journalistes
2 collaborateurs des médias
8

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