Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien – matin
AG/PAL/1488

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien entend de nombreux appels à concrétiser enfin l’espoir d’un État palestinien

En cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, plus de 50 ans après sa création le 10 novembre 1975, a entendu de nombreux appels à la réalisation d’un État palestinien, « un droit, non pas un privilège », comme l’ont rappelé la plupart des intervenants.

Cette réunion, marquée par l’émouvante déclaration d’une journaliste vivant à Gaza, se déroulait dans un contexte marqué par la signature, le 10 octobre, d’un accord de cessez-le-feu à Gaza et l’adoption la semaine dernière par le Conseil de sécurité de la résolution 2803 (2025) entérinant le Plan d’ensemble du Président Trump visant à mettre fin au conflit dans la bande de Gaza.

Ce plan prévoit plusieurs mesures essentielles, dont la création d’un Conseil de paix et d’une Force internationale de stabilisation, la reprise complète de l’aide humanitaire ainsi que la reconstruction et le développement de Gaza. Il entend également ouvrir un chemin crédible vers l’autodétermination palestinienne et la création d’un État palestinien.

« Faisons pousser l’olivier de la paix »

Premier intervenant, le Président du Comité, M. Coly Seck, a rappelé que les droits fondamentaux du peuple palestinien, à savoir les droits au retour, à l’autodétermination et l’indépendance, continuent d’être bafoués. « Il s’agit pourtant de droits communs à tous les peuples de la Terre. » Il a vu dans l’accord de cessez-le feu une « lueur d’espoir », avant de rappeler aussitôt que plus de 280 Palestiniens ont été tués depuis le 10 octobre dernier par Israël. L’aide humanitaire reste par ailleurs bloquée.

La Présidente de l’Assemblée générale a également salué la récente « lueur d’espoir de paix » entre le peuple palestinien et le peuple israélien. « Il faut à présent ouvrir la voie à un État palestinien, comme le prévoit la résolution 2803 (2025). » Pour Mme Annalena Baerbock, la création de cet État est un droit, pas un privilège, et les prochaines étapes sont claires: l’accord de cessez-le-feu doit être mis en œuvre, le Hamas doit déposer les armes, Israël doit se retirer, et les colonies de peuplement en Cisjordanie doivent cesser.

« Faisons pousser l’olivier de la paix », a, de son côté, déclaré le Chef de cabinet du Secrétaire général. Il a vivement dénoncé les attaques perpétrées par les colons lors des récoltes d’olives en Cisjordanie, rappelant que la branche d’olivier est un « symbole de paix » qui figure sur le drapeau de l’ONU. « L’espoir doit devenir réalité », a insisté M. Earle Courtenay Rattray, qui a jugé essentiel de traduire l’élan diplomatique en progrès concrets et urgents sur le terrain et de faire parvenir l’aide humanitaire à Gaza sans entrave et à grande échelle.

Même son de cloche du côté de l’Observateur permanent de l’État de Palestine qui a lui aussi salué le plan de paix du Président Trump, notant en outre que la résolution 2803 (2025) souligne la nécessité d’un retrait complet d’Israël de la bande de Gaza, et de la prise en charge par l’État de Palestine de l’intégralité des responsabilités administratives et sécuritaires à Gaza.

M. Riyad Mansour a insisté sur la nécessité de renforcer l’Autorité palestinienne et de lever tous les obstacles qui l’empêchent de remplir son rôle naturel au service de son peuple. Cela implique, a-t-il dit, de garantir que toutes les institutions et autorités à Gaza soient rattachées à l’Autorité palestinienne et aux institutions étatiques, y compris les points de passage, et d’appliquer le principe d’un État, d’un gouvernement, d’une loi et d’une source d’armement légitime.

Gaza est une partie indissociable de l’État de Palestine, et son unité avec la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, est un droit non négociable, a-t-il insisté.

Le projet d’un État palestinien n’est pas mort et ne mourra jamais, a déclaré la Ligue des États arabes, tandis que l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appelé à convoquer de tout urgence une conférence des donateurs afin de financer le plan de relèvement de Gaza. L’Ouganda, au nom du Mouvement des non-alignés, a appelé à remédier à l’injustice historique faite aux Palestiniens en réalisant la solution des deux États.

« Nos âmes sont prisonnières des décombres »

L’émotion a été de mise lorsque Mme Shrouq Al Aila, journaliste à Ain Media, est intervenue depuis Gaza. Elle a dénoncé la prise pour cible systématique des journalistes durant le « génocide » qui a provoqué la mort d’une cinquantaine de ses collègues, y compris son mari. « Par deux fois, j’ai dû sortir notre enfant des décombres. » Il est difficile de comprendre que les journalistes soient considérés comme une source de menace et qu’une caméra soit considérée comme une arme, a-t-elle poursuivi.

En outre, les pressions exercées sur les médias étaient telles qu’il était difficile pour les journalistes étrangers de venir dans la bande de Gaza témoigner de la réalité, a-t-elle indiqué, avant d’appeler ses collègues étrangers à exercer plus de pression pour venir dans la bande de Gaza. Deux mois après le cessez-le-feu, a-t-elle témoigné, nous vivons dans une demi-paix: les frontières demeurent fermées, il n’y a pas de liberté de mouvement.

« Une autre guerre vient de commencer car il n’y a rien en termes de reconstruction, tandis que l’essentiel de l’aide est encore bloqué. » Cette sensation de guerre pesante persiste, a déploré Mme Al Aila, qui a confié se sentir toujours « chassée » et « épuisée ».

« Nos corps et nos maisons sont écrasés, même nos âmes sont prisonnières des décombres », a renchéri M. Mosab Abu Toha, représentant de la société civile. Poète et lauréat du Prix Pulitzer, il a indiqué être né dans un camp de réfugiés et avoir connu la torture et des violences sexuelles de la part de soldats israéliens.

« Mon père a été tué par une frappe israélienne et mon grand-père est mort dans un camp de réfugiés. » Il a estimé que sauver des vies ne devrait jamais faire l’objet d’un vote de résolution et que le peuple palestinien n’a pas besoin d’un plan de paix mais d’un « plan de justice ». Israël doit rendre des comptes, a-t-il dit, en préconisant la création d’une « armée palestinienne capable de protéger le peuple palestinien ».

Présent à la tribune, le représentant de la Sierra Leone et Président du Conseil de sécurité pour le mois de novembre n’a pas pu s’exprimer en raison d’une absence de consensus au sein du Conseil sur une déclaration. C’est la première fois que le Président du Conseil n’est pas en mesure de prendre la parole devant le Comité, a expliqué M. Seck.

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