Hymne à la justice
Hymne à la justice op. 14 | |
Photo du four de verrier d'Émile Gallé, dédicataire de l’œuvre. Four de verrier d'Émile Gallé (le dédicataire de l’œuvre),qualifié par Magnard de « four vengeur » à l'occasion de l'Exposition universelle de 1900. | |
Genre | Pièce pour orchestre |
---|---|
Nb. de mouvements | 1 |
Musique | Albéric Magnard |
Dates de composition | 1901-1902 |
Création | Concerts du Conservatoire de Nancy,Salle Poirel, Nancy Drapeau de la France France |
modifier |
L'Hymne à la justice opus 14 est une œuvre pour orchestre d'Albéric Magnard, dédiée à son ami Émile Gallé. Composée entre 1901 et 1902, l'œuvre fut créée aux Concerts du Conservatoire de Nancy le par Guy Ropartz [1] .
Contexte de l'écriture
[modifier | modifier le code ]C'est clairement l'Affaire Dreyfus, que Magnard qualifie d'« abominable déni de justice »[2] , qui est à l'origine de la composition de cette pièce pour orchestre[3] .
Le jour même de la publication de J'accuse...! (L'Aurore , )[4] , Magnard écrit à Zola: « Bravo, Monsieur, vous êtes un crâne. En vous l'homme vaut l'artiste. Votre courage est une consolation pour les esprits indépendants qui préfèrent la justice à leur tranquillité, qui ne tremblent pas à l'idée d'une guerre étrangère et qui ne se sont pas aplatis devant ce sinistre hibou de Drumont et ce vieux polichinelle de Rochefort. Marchez ! Vous n'êtes pas seul. On se fera tuer au besoin »[2] . Il signe ensuite de nombreuses pétitions pour la révision du procès[5] . En 1899, lorsque Dreyfus est gracié par le président Émile Loubet, Magnard, qui est alors sous-lieutenant, démissionne de l'armée[5] .
Émile Gallé, maître verrier à Nancy et ami de Magnard, à qui l'œuvre est dédiée, comptait parmi les premiers signataires de la pétition de soutien à Dreyfus en 1898 [6] . Gallé devait d'ailleurs devenir trésorier de la Ligue des droits de l'homme peu après (en 1899). À l'occasion de l'Exposition universelle de 1900, l'artiste présente ainsi des œuvres témoignant de son soutien dreyfusard, organisées autour d'un four de verrier que Magnard qualifie de « four vengeur »[7] .
Réception critique
[modifier | modifier le code ]La création à Nancy fut bien accueillie du public, mais aussi de la presse, qui écrivait le lendemain : « L'Hymne à la justice est puissant et d'une originalité incontestable »[8] .
La première audition parisienne, le [9] aux Concerts Alfred Cortot, est également une réussite, Edmond Stoullig écrivant par exemple dans Le Monde artiste du : « Hymne à la Justice, de M. Albéric Magnard, une belle composition d'un style ferme et puissant, dont la sûreté de l'instrumentation dénote un artiste remarquablement doué »[10] .
Analyse
[modifier | modifier le code ]L'œuvre, en si mineur, a une durée moyenne d'exécution d'environ 15 minutes[11] .
Selon Gaston Carraud, le premier biographe de Magnard, « nous entendons, dans la première idée, se succéder l'oppression de l'injustice et l'appel douloureux à la justice. Brutalement terrassée, la victime lève les yeux vers I'idéal inaccessible. Avec une plainte qui réveille la persécution, elle voit s'évanouir la douce lueur ; mais au même moment que la violence impose son retour le plus insolent, soudain, le triomphe de la justice éclate, foudroyant, en apothéose[12] . »
Harry Halbreich acquiesce, et précise la forme, conçue en « triade en légère expansion (114, 139 et 151 mesures), faisant se succéder chaque fois les deux thèmes principaux (il y a donc six sections au total), et comme le dernier volet présente le caractère d'une réexposition suivie d'une coda, on peut aussi y reconnaître le principe fondamental de la sonate [13] . »
Instrumentation
[modifier | modifier le code ]Instrumentation de l'Hymne à la justice op. 14 |
Cordes |
---|
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses, 1 harpe |
Bois |
1 piccolo, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes en si bémol, 1 clarinette basse, 2 bassons |
Cuivres |
4 cors en fa, 3 trompettes en ut, 3 trombones |
Percussions |
timbales |
Postérité
[modifier | modifier le code ]En 1944, l'Hymne à la justice ouvre le programme du premier concert donné par l'Orchestre national dans Paris libéré, sous la direction de Manuel Rosenthal [14] ,[15] ,[note 1] .
Utilisé par le compositeur Simon Cloquet Lafollye, pour la restauration de 2024 du film Napoléon vue par Abel Gance dirigé par Georges Mourrier
Discographie
[modifier | modifier le code ]- Hymne à la justice, Symphonie no 2 et Ouverture , op. 10, Orchestre du Capitole de Toulouse, dir. Michel Plasson, éditions EMI, 1988.
- Hymne à la Justice, op. 14, Suite dans le style ancien , op. 2, Chant funèbre , op. 9, Ouverture, op. 10, Hymne à Vénus , op. 17, Orchestre philharmonique du Luxembourg, dir. Mark Stringer, Timpani 1C1067, 2002.
- Hymne à la Justice, op. 14 [ album 80 ans de concerts inédits ], Orchestre national de France, dir. Manuel Rosenthal, Ina-Radio France.
- Albéric Magnard : Orchestral Works, Philharmonisches Orchester Freiburg, dir. Fabrice Bollon, Naxos 8.574084, 2020.
Bibliographie
[modifier | modifier le code ]Ouvrages généraux
[modifier | modifier le code ]- Paul Pittion, La Musique et son histoire : tome II — de Beethoven à nos jours, Paris, Éditions Ouvrières, , 574 p.
Monographies
[modifier | modifier le code ]- Gaston Carraud, La vie, l’œuvre et la mort d'Albéric Magnard, Paris, Rouart, Lerolle & Cie, (lire en ligne),
- Simon-Pierre Perret et Harry Halbreich, Albéric Magnard, Paris, Fayard, , 642 p. (ISBN 978-2-2136-0846-4).
Notes discographiques
[modifier | modifier le code ]- (fr) Harry Halbreich, « Albéric Magnard : Hymne à Vénus – Hymne à la justice – Chant funèbre – Ouverture op. 10 – Suite dans le style ancien », p. 4-6, Paris, Timpani (1C1067), 2002 .
Notes et références
[modifier | modifier le code ]Notes
[modifier | modifier le code ]- ↑ Précisément le 28 septembre 1944 au théâtre des Champs-Élysées [16] .
Références
[modifier | modifier le code ]- ↑ « Hymne à la Justice », sur Albéric Magnard (consulté le )
- ↑ a et b Frédéric Robert, Zola en chansons, en poésies et en musique, Editions Mardaga, 2001, 216 pages, p. 141.
- ↑ Pittion 1960, p. 253.
- ↑ À lire en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k701453s
- ↑ a et b Simon-Pierre Perret, « Albéric Magnard », sur www.musimem.com (consulté le )
- ↑ « Affaire Dreyfus et Emile Gallé », sur www.ecole-de-nancy-emile-galle-film.com (consulté le )
- ↑ Bertrand Tillier, « Emile Gallé et l'affaire Dreyfus : vers une mutation des arts décoratifs », Annales de l'Est, , p. 99 (lire en ligne)
- ↑ Le Libéral de l'Est, du 5 janvier 1903
- ↑ Annonce du concert dans Le Ménestrel du 20 novembre 1904
- ↑ À lire en ligne sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5840232p/f7.item
- ↑ (en-US) Adrian Corleonis, « Hymne à la justice, for... | Details », sur AllMusic (consulté le )
- ↑ Carraud 1921, p. 161.
- ↑ Halbreich 2002, p. 5.
- ↑ Roland-Manuel, « Combat : Un concert de musique interalliée », sur Gallica, (consulté le )
- ↑ Pierre-Jean Tribot, « Les riches heures de l’Orchestre national de France « À Emporter « ResMusica » (consulté le )
- ↑ « Orchestre National de France : 80 ans de concerts inédits en haute résolution » (consulté le )
Liens externes
[modifier | modifier le code ]- Présentation de l'œuvre par Michel Burgard, à l'occasion d'une séance de l'Académie de Stanislas le .
- Notice de l’œuvre sur Bru Zane Mediabase.
- Ressources relatives à la musiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
Œuvres d'Albéric Magnard |
||
---|---|---|
Opéras | Albéric Magnard | |
Symphonies |
|
|
Musique symphonique |
|
|
Musique de chambre |
|
|
Œuvres pour piano |
|
|
Mélodies |
|
|
Œuvres dédiées | ||
Voir aussi les catégories Œuvre d'Albéric Magnard, Musique de chambre d'Albéric Magnard et Symphonies d'Albéric Magnard |