Odile Blanc
Les stratégies de la parure dans le divertissement chevaleresque (XVe siècle)
A la suite de Huizinga on pourrait définir le XVe siècle comme le « grand siècle du paraître l ». Il n'est pas une chronique qui ne mentionne le faste des grandes maisons nobles, restituant sous nos yeux leurs particularismes et leurs rivalités, les cours des ducs apanages (Orléans, Berry, Anjou, Bourgogne) éclipsant la cour royale. La cour de Bourgogne est sans doute le type le plus « achevé », répondant parfaitement à la définition que donne Norbert Elias des sociétés de cour européennes aux XVIIe et XVIIIe siècles : « un ordre hiérarchique plus ou moins rigide et une étiquette minutieuse 2 ». A la tête de territoires disparates qu'il tente d'unifier, Philippe le Bon, appelé « Grand Duc d'Occident » par ses historiographes, fait figure de modèle. Il est aussi protecteur des arts et promoteur zélé de tout ce qui sert la gloire de son duché. Les chroniqueurs ont ainsi à charge de célébrer les « hauts faits », c'est-à-dire les actions politiques et militaires des ducs, mais aussi l'excellence de l'organisation de leur maison. Ainsi le maître des cérémonies de Charles le Téméraire, Olivier de La Marche, écrit un traité sur l'état de la maison de Bourgogne, qu'il présente comme un modèle de cérémonial et d'étiquette.
L'ordonnance hiérarchique de la maison apparaît aux yeux de tous lors des fêtes qui rythment la vie de cour. Le caractère cérémoniel des banquets est manifeste sous Philippe le Bon et plus encore sous Charles le Téméraire, pour qui l'étiquette est une véritable liturgie : organisation hiérarchique des services de la table, voire des plats, placement des invités suivant leur rang, intermèdes musicaux et théâtraux appelés « entremets ». Tout concourt à saluer en la personne du duc le dispensateur, voire le « concepteur » génial de ces divertissements.
Le divertissement curial le plus caractéristique et le plus souvent décrit du Moyen Age finissant reste cependant le tournoi, plus exactement la joute ou le pas d'armes. Le tournoi « massif » du XIIe siècle,
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