Chaque étape des études universitaires aboutit à la délivrance d'un
diplôme, et chaque diplôme est précédé d'une soutenance d'un mémoire ou d'une
thèse.
Ce diplôme, cette certification qu'un certain volume d'enseignement a été
suivi et assimilé, est le sésame pour un emploi stable, quoique dans notre pays
c'est plus compliqué. Les propos qui suivent qui se limiteront aux thèses de
doctorat, ne concernent pas le contenu du doctorat ni son assimilation qu'il
implique par les postulants, mais aux conditions d'études et surtout à une
étape cruciale dans son obtention, la soutenance de la thèse, et là il y a de
quoi noircir bien des pages.
Il n'est pas dans mes intentions de dénigrer la manière dont les
soutenances se font en général, mais bien de parler de certains de ses aspects
qui sont stigmatisant pour l'Université Algérienne en général et dont il serait
bon d'y remédier.
Les thésards de doctorat : orphelins à la naissance
On s'étonne parfois pourquoi des thèses de doctorat prennent sept, huit,
voire dix ans et plus. Il y a à cela nombre de raisons. Commençons d'abord par
la plus immédiate, et qui est la situation financière et sociale du candidat.
En général son travail de recherche commencera tout doucement (Il y a même des
encadreurs qui exigent que la première année, le candidat ne fasse rien que
défricher le terrain et faire ce qu'on appelle pudiquement de la «recherche
bibliographique»), tout cela se faisant souvent de chez lui vu que le
laboratoire de recherche auquel il est attaché formellement a rarement des
espaces de travail pour les doctorants. De plus, dans un désert scientifique ou
souvent aucune vie scientifique n'existe (séminaires de recherche, conférences
thématiques, lieux communs de discussion tel une cafétéria de département ...),
ces derniers deviennent vite que des visiteurs occasionnels puis des raseurs de
mur. Je parle surtout du cas de sciences non expérimentales ou techniques tel
qu'en physique (certaine de ses branches), les mathématiques et surtout les
sciences sociales et humaines. Les domaines ou un travail de labo ou sur
chantier est de mise, la situation peut-être meilleure, ou bien pire lorsqu'un
manque de produits essentiels ou d'appareils particuliers peut bloquer des
thésards pendant de longues années parfois. Dans un tel environnement, le
doctorant peut' être vite pris dans un engrenage où vu l'âge pour certains, la
situation familiale pour d'autres, il se doit de trouver un gagne-pain même
modeste, voire fonder un foyer, car sa petite bourse de doctorat n'étant
vraiment que de l'argent de poche. Or une fois engagé sur cette voie qui
demande un engagement substantiel en temps et en énergie, que ce soit avec
l'éducation nationale ou dans le privé, il ne peut accorder qu'une attention
limitée à son travail de recherche et peut facilement voir les années s'égrener
et puis lâcher pied. Certes il est tenu de se réinscrire chaque année avec un
bilan annuel du travail exigé, mais souvent par un mélange de complaisance et
de lassitude, le directeur de thèse va signer ce renouvellement en augmentant
chaque année d'un cran le taux de progression de sa thèse.
Mais voyons plutôt comment se font les choses idéalement pour mieux mettre
le doigt sur les disfonctionnements chez nous. Un thésard d'une université de
bonne renommée (Europe, Japon, Etats Unis, Afrique du Sud...) reçoit une bourse
relativement conséquente (1000 euros et plus par mois) qui le libère de la
nécessité de travailler. Il a cependant l'obligation d'être à son laboratoire
de manière régulière y bénéficiant bien sûr d'un bureau avec un micro et une
bonne connexion, des fournitures de bureau à la demande, tirage illimitée,
bibliothèque avec abonnements à jour et des vrais bibliothécaires qui vous
procurent des documents là ils sont dans le Monde... Il peut aussi bénéficier
d'autres sources de revenus telles celles découlant d'une charge de Teaching Assistant (TA), ou être impliqué à travers son
encadreur dans de généreux projets de recherche rémunérateurs. Mais ceci n'est
que l'hors d'œuvre. Car le véritable avantage est bien dans la vie scientifique
vibrante qui règne en son lieu de travail qui fait que, hors de son
laboratoire, point de salut. Il y trouvera une galaxie de chercheurs qui
cherchent, mais aussi communiquent, échangent, coopèrent et en fait qui sont à
la chasse de collaborateurs avec des idées nouvelles. S'y déroule aussi des
séminaires spécialisés hebdomadaires, ateliers, conférences et autres.
Dans un tel environnement nutritif et inspirant, le doctorant croît et
peut se donner à fond. S'il est en butte à des difficultés ou s'il lâche pied,
il trouvera toujours une personne pour le rattraper et le remettre sur les
rails de ses recherches. En contrepartie, il se doit de compléter sa thèse dans
les temps impartis car la bourse dont il bénéficie est limitée dans le temps
(quatre ou cinq ans)... ce qui est tout à son avantage.
En contraste, chez nous hélas, notre doctorant naît souvent orphelin, et
il ne bénéficiera d'aucun soutien si ce n'est celui de son encadreur... Ce
dernier dans bien des cas lui aura refilé une extension de sa propre thèse de
doctorat si s'en n'est pas un appendice. Dans d'autres cas, il reconnaitra
benoitement qu'il n'est pas spécialiste du sujet proposé mais lui promet
toutefois de l'accompagner. Mais dans ce dernier cas, même si de bonne foi,
l'encadreur pris dans le maelstrom de la vie quotidienne et lui-même victime
d'une vie scientifique très limitée, il ne le fera pas de manière satisfaisante.
Pourrait-il consulter d'autres «enseignants-chercheurs» pour éventuellement se bootstrapper, ils sont souvent aux abonnés absents, venant
à l'Université pour dispenser leurs cours et pour quelques autres tâches
pédagogiques, et ne visitant rarement leur bureau s'ils en ont un.
Cela nous mène à la seconde raison majeure du retard pris dans la
complétion de thèses, notamment la nonchalance de certains encadreurs eux-mêmes
en état de disette scientifique et qui de ce fait ne pourront suivre le
candidat de manière adéquate. Concomitant à cela, le manque d'intégration des
sujets dans un plan national ou sectoriel de recherche qui fournirait un vivier
en ressources humaines et permettrait au thésard de se ressourcer auprès de
collègues. Tout cela concourra à laisser le thésard barboter tout seul, livré à
lui-même pendant de nombreuses années parfois.
La planche de salut est souvent un co-encadrement
ou parfois même une cotutelle à l'étranger lorsqu'il bénéficiera d'une bourse
de doctorat de courte durée. Ce stage, comme il est appelé administrativement
chez nous, ou il pourra séjourner pour quelques mois dans une bonne structure
de recherche qui si, bien utilisé, lui donnera littéralement des ailes. Cela
lui permettra en effet de se ressourcer, d'abord en appréhendant le sujet dans
son intimité, puis en utilisant les moyens mis à sa disposition, enfin en
recevant toute l'aide scientifique requise. De retour au pays, il pourra
exploiter la percée réalisée pour compléter ses recherches, publier ses
résultats et rédiger sa thèse.
Quand l?encadreur devient un «bourreau»
Il est des cas manifestes d'abus d'autorité, bien connus au sein de la
communauté universitaire, même si elles ne transpirent que rarement extra
muros, qui méritent de s'y arrêter un moment pour poser le problème dans son
fond. Le spectre est large et prend des formes diverses. Contentons-nous de
citer ce cas que j'ai connu personnellement, qui pourrait parait anecdotique
mais qui l'est moins pour la victime assez multivalente et brillant bricoleur,
ou l'encadreur va demander des «services» sur un ton paternaliste mais
péremptoire à son étudiant tels que lui réparer sa voiture en panne, et même de
lui égorger le mouton de l'Aïd. Quand le genre entre en jeu, les choses peuvent
prendre une tournure plus dramatique.
C'est vrai que l'on peut relever des cas similaires dans toutes les
Universités au Monde, mais il y a en général des mécanismes de contrôle et de
sanctions qui sont mis en place et jouent un rôle dissuasif. Le premier étant
que ces cas sont rendus publics, ce qui est une des conditions nécessaires pour
y remédier. Dans nos pays, au nom d'une pudibonderie mal placée et au nom d'une
préservation de l'image de l'institution concernée, tous les cas de la sorte
sont étouffés.
Si l'encadreur ne peut exiger qu'il soit le premier auteur de l'article
de recherche à la base de la thèse auquel cas la thèse deviendra insoutenable
pour l'étudiant, il prend parfois la liberté d'ajouter d'autres collègues ou
certains de ses doctorants qui trainent pour booster leur dossiers. Il y a
d'autres cas hélas plus graves ou l'encadreur va carrément s'approprier le
travail de son étudiant et le publier sous une forme «aménagée» et un titre «scramblé» dans un autre journal scientifique.
Une chose qui chez nous lui permet à ces situations de se produire c'est
le manque de structures scientifiques d'encadrement adéquates au sein de nos
départements et Labos, qui fait que la relation étudiant-encadreur est
biunivoque, et donc il n'y pas d'autres partenaires pour l'élargir tels que
équipe de recherche, conseil de laboratoire, comité d'éthique, conseil de
prud'hommes, qui permettrait à l'étudiant de s'échapper de l'emprise totale de
son encadreur si elle virait vers l'anormale. Cette carence va fermer le jeu et
laissera ainsi l'étudiant totalement dépendant de son encadreur pour le
meilleur et pour le pire.
Confronté à de tels cas, le responsable de la formation n'est pas prêt à
entamer une procédure à même de briser l' «entente cordiale» durement acquis au
fil des ans avec ses collègues, et qui sera de plus souvent perçu comme
procédant d'une affaire personnelle. Aussi, après une rapide évaluation des
«pertes et profits», il se résoudra à ne rien faire, laissant l'étudiant comme
éternel perdant. D'où la nécessite de mettre en place une instance de recours
autonome au travail balisé par des textes pour ne pas laisser au seul chef de
département ou responsable de formation la lourde responsabilité d'une
confrontation qui pourrait en résulter.
La pusillanimité des Conseils Scientifiques et autres structures de
supervision
Dans la plupart des cas avérés d'abus de position, même si portés à
l'attention des responsables des structures administratives ou scientifiques,
il y est rarement remédié dû à une solidarité de fait ou «Omerta» qui ne dit
pas son nom. Après tout, l'étudiant concerné va disparaitre de l'horizon
universitaire immédiat après son diplôme tandis que ses collègues bourreaux
potentiels, auxquels ils sont souvent liés pédagogiquement et scientifiquement,
seront là durant toute leur carrière commune qui se compte en décennies. Il est
en effet peu judicieux pour beaucoup d'entre eux de se faire des ennemis
internes, même si en aparté ils fulmineront contre ledit collègue et reconnaitront
le caractère abusif et non éthique de son comportement.
Parfois cela peut prendre une tournure plus dramatique lorsqu'une rupture
se produit entre le doctorant et l'encadreur avec ce dernier le bloquant
administrativement tout en refusant de se désister de l'encadrement, ou bien
exigeant en cas de désistement que l'étudiant change complètement de sujet car
le sujet lui «appartiendrait».
Ce chantage au sujet oblige certains doctorants dans ce cas, parfois dans
une phase avancée de leur thèse, à aller chercher un autre encadreur et de
repartir à zéro, ou d'abandonner. D'ailleurs en fait, jamais un enseignant n'a
été sanctionné pour ces sortes de comportements abusifs, ce qui conforte une
certaine culture de l'impunité.
La soutenance, une pièce de théâtre parfois bien mal huilée
La soutenance proprement dite est la consécration de ces années de
labeur, mais il y a aussi derrière elle bien des facettes cachées. Il y a
d'abord les affres de la constitution d'un jury de thèse qui se fait au bon gré
de l'encadreur et aussi des comités scientifiques, suivit d'une phase de
rassemblement des rapports de thèse qui peut durer plusieurs mois lorsque
certains membres du jury doivent se faire tirer l'oreille pour daigner
l'envoyer. Mais passons à la soutenance proprement dite : l'assistance n'y voit
souvent qu'un ballet bien rythmé ou leur champion, progéniture, frère ou ami,
performe un numéro de haute voltige, maniant équations, diagrammes et
explications savantes. Il y a aussi des moments de tension ou la soutenance se
meut parfois en un interrogatoire serré ou on guette le moindre signe de
relâchement du candidat face aux coups de butoir de certains membres du jury.
Mais ne nous trompons pas, il y a assez souvent derrière cette candeur de
façade, beaucoup d'hypocrisie, de malveillance et de comportements hors des
canons de l'éthique scientifique. Ainsi il y a ces cas trop nombreux ou des
membres de jury qui n'ont quasiment pas lu la thèse ou qui n'ont pas compris
grand-chose, vont se cantonner à faire des remarques de style, de virgules mal
placées ou de références pas écrites à leurs normes, mais qui n'ont strictement
rien à dire quant à son contenu. Puis il y a cette sempiternelle excuse pour ne
pas poser de questions de fond, comble de l'inanité, que l'on entend tellement
souvent que je me permets de la mentionner : «... les collègues qui m'ont
précédés ont posé les questions que je voulais poser...». Enfin, il y a le cas où un membre du jury va s'appesantir sur un point
de détail de l'introduction pour tenter de coincer le candidat, puis se
retrouver dissertant lui-même sur la réponse à sa propre question comme pour
prouver l'étendue de sa «science», alors que la pertinence avec le sujet de la
thèse est proche de zéro.
En tout cas, ces membres non-spécialistes devraient avoir la décence
d'être moins diserts et plus modestes. Il est des cas où les questions
sidérantes ou des répliques manifestement fausses adressées au candidat par un
de ces membres de «substitution» font réaliser à beaucoup qu'il n'a rien
compris à la thèse mais qu'aucun des autres membres du jury n'oseront l'engager
dessus. Parfois c'est le candidat lui-même qui dans sa réponse va lui ménager
une porte de sortie honorable, non pas par mansuétude mais par calcul, alors que
tout le monde sait que ledit membre s'est fourvoyé. Reconnaissons toutefois que
dans le contexte de l'Université Algérienne, il est difficile d'avoir un jury
entièrement composé de vrais spécialistes sur nombre de sujets de thèse.
Pourtant à l'heure d'Internet, il serait loisible de coopter des membres
d'universités éloignées et les intégrer dans le jury pour une soutenance en
mode hybride. Il est vrai qu'une soutenance de thèse n'est pas un séminaire
scientifique, mais laisser des affirmations fausses martelées parfois avec
force dominer le débat sans être corrigés est une indignité scientifique qui
n'honore pas le jury. A l'heure de YouTube ou tout est filmé, certaines vidéos
de soutenance feraient rougir bien des jurys s'ils y étaient postés. D'ailleurs
il n'est pas exclus qu'un jour ils apparaitront dans le domaine public avec un
effet boomerang pour certaines thèses (Et certains jurys !).
C'est le cas actuellement pour des thèses écrites, partiellement plagiarisées qui ressortent vingt, voire trente ans ou plus
après leur soutenance et qui font tomber des puissants en Europe, ministres
voire même un président. En conclusion, ces soutenances affligeantes hors
normes mais qui heureusement ne sont pas la majorité des cas, avec cette épée
de Damoclès éternellement suspendue dessus eux, c'est bien aujourd'hui qu'il
faut songer à se prémunir de ses conséquences futures.
Au final, toutes les thèses arrivées au stade de la soutenance seront
acceptées sauf cas dramatique tel que celui d'un plagiat avéré. C'est bien
d'ailleurs là l'aspect théâtral de la soutenance, et qui dans certains cas se
métamorphosent en cirque. Ainsi, certains candidats se font tailler en pièces
avec parfois les fondements mêmes de leurs travail réfutés dans le fond et dans
la forme, au point ou l'audience (Du moins les plus naïfs d'entre eux) s'attend
à un rejet de la thèse par le jury, sauf que, incrédules, ils entendront le
président du jury proclamer son acceptation et parfois avec mention très
honorable. Mais alors, ou bien la réfutation était valide, auquel cas la
proclamation du jury fait problème, ou bien celui ou ceux qui avaient mené la
charge avaient tort, auquel cas les autres membres du jury auraient dû réagir
lors de la soutenance au nom d'une certaine conception de la vérité et de
l'éthique scientifiques.
Il y a une phase post-soutenance ou le calvaire pour certains candidats
continue. Ainsi certains membres du jury vont continuer à fléchir leurs muscles
et exiger du candidat une correction minutieuse d'erreurs avérées ou
imaginaires pour satisfaire leur égo. Sans leur accord, le certificat de
soutenance ne sera pas délivré et cela pourra durer dans certains cas de
longues semaines et plus.
En analysant avec force détails, et narrant des cas qui paraissent
parfois croustillants mais qui sont tiré du réel vécu, il est loin de mon
intention d'accabler la communauté universitaire Algérienne dont je fais
partie, mais bien de faire toute la lumière sur des comportements
problématiques qui heureusement ne sont pas majoritaires, mais suffisamment
sérieux pour qu'on se doit d'agir fermement en vue d'y remédier. Il a un autre
côté obscur que j'ai choisi de ne pas traiter ici, celui des thésards mêmes.
Ainsi, il y a des cas ou l'enseignant guide l'étudiant pas à pas et lui
mâche le travail tant certains d'entre eux sont démunis de capacités propres et
manquent cruellement d'autonomie et d'esprit d'initiative. Nous avons connu un
cas ou l'encadreur, au vu de notre étonnement le jour de la soutenance de voir
une thèse rédigée dans une langue parfaite et un cheminement scientifique
exemplaire, candidement reconnaitra que la langue du candidat était tellement
nulle et ses explications chancelantes que la correction de son travail aurait
été une torture pour lui, aussi a-t-il jugé qu'il
serait plus facile de la reprendre à zéro. Mentionnons sans s'étaler des cas de
plagiat partiels dans leurs thèses souvent rédigés en français ou en arabe pour
camoufler leur manque de maitrise linguistique et aussi éviter de se faire
prendre par les logiciel anti-plagiat. Les cas de manquement de respect envers
les encadreurs sont aussi légion, la plus bénigne mais non moins inacceptable
étant l'apparition annuelle du candidat chez son encadreur pour coïncider avec
la période de renouvellement d'inscription en thèse au début octobre.
Résumons le parcours du combattant du doctorant. Cela commence par une
bourse non accompagnée de manière adéquate financièrement et qui se déroule
sans échéancier strict, avec toutes ses implications socio-économiques.
Puis l'état d'impréparation de certains encadreurs qui ont souvent
décroché scientifiquement. Des sujets exotiques sans relation avec un plan
national de la recherche et qui expose le thésard à un manque de disponibilité
de spécialistes à consulter. Parfois une relation biunivoque exclusive avec son
encadreur qui peut devenir toxique. Tout cela se déroulant dans une atmosphère
de non-droit et d'absence de structures de recours. Le tout couronné par une
soutenance surréelle qui ressemble souvent à un jeu de rôles.
Un dernier mot. L'Université Algérienne est fragile et se cherche
toujours, en butte à des réformes structurelles mal accompagnées qui ont
jalonnés les cinquante ans de son parcours. Il est facile de lui jeter
l'anathème et blâmer maints manquements et certains disfonctionnements
systémiques comme certains ne s'en prive pas de le faire, adoptant un ton
inquisiteur et se positionnant dans une optique idéale en la comparant avec les
Universités Européennes ou mêmes du Golf. Mais son cahier de charge et ses
missions sont différentes; les contraintes tant
politiques, que démographiques, financières et organisationnelles sont parfois
étouffantes, même si nombre de ses défauts sont souvent le résultat de ses
propres déficiences et en particulier de sa mauvaise gouvernance. Le véritable
défi est de reconnaitre les défauts et manquements auxquels nous pouvons y
remédier et s'y attaquer. Ceux qui nous dépassent parce que procédant de
l'ordre du politique ou demandant une action de syndicats d'enseignants
représentatifs que malheureusement nous n'avons pas, cela ne devrait pas nous
paralyser au point de ne rien faire du tout.
Il faut aussi traiter nos institutions universitaires avec bienveillance
et magnanimité, comme le fait la mère avec bonté pour ses enfants turbulents et
extravagants. Après tout, c'est pour nous enseignants chercheurs notre bien
commun auquel nous avons consacré notre vie professionnelle et parfois bien plus; ses enseignants sont nos collègues et ses étudiants
sont nos enfants. Il n'y a pas d'alternative à sa réforme et sa continuelle
remise en cause avec abnégation et ténacité, dans un esprit constructif et sans
rage destructrice. C'est dans cet esprit que les défaillances criardes des
études doctorales et ses soutenances déficientes ont été abordées dans cet
article.
*Département de Physique, Univ. Constantine1. President, African
Astronomical Society (AfAS)