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Mélenchon achève le Front de gauche

Le candidat à la présidentielle estime dans Mediapart que « le cartel n’existe plus ».

Par Raphaëlle Besse Desmoulières

Publié le 04 juillet 2016 à 12h27, modifié le 06 juillet 2016 à 07h58

Temps de Lecture 3 min.

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Jean-Luc Melenchon le 25 juin à l’Elysée. Jean-Luc Melenchon le 25 juin à l’Elysée.

C’est un enterrement de première classe que vient d’offrir Jean-Luc Mélenchon au Front de gauche. « Le cartel Front de gauche n’existe plus. La confiance, aussi, est morte », assène le candidat à la présidentielle dans une interview publiée, dimanche 3 juillet, sur Mediapart. En soi, cette déclaration n’est guère surprenante tant les relations entre le Parti de gauche (PG) et le Parti communiste (PCF) se sont dégradées, mais c’est la première fois que l’ancien socialiste la formule aussi clairement.

M. Mélenchon, qui se veut désormais « hors parti », ne ménage pas ses anciens camarades : jugeant avoir été « maltraité d’une manière incroyable » par le PCF, il regrette un « tir de barrage » de leur part, pointe leur « pusillanimité » vis-à-vis de la primaire à gauche – « un jour oui, un jour non » – et les accuse d’une « privatisation du Front de gauche ». Une « manière caricaturale » de présenter la situation pour Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, qui dénonce des « contre-vérités » et assure ne pas « avoir de comptes à régler avec M. Mélenchon ».

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Celui qui se présente désormais comme le candidat de « La France insoumise » souhaite, lui, « tourner la page » parce que « ce type de comportement relève du vieux monde, de la vieille politicaille ». « J’ai intérêt à me tenir très à distance de tout cela, pour indiquer que le bien commun que je suis et le personnage fabriqué par notre histoire commune depuis 2012 ne sont pas encalminés là-dedans », précise M. Mélenchon à Mediapart. « Il croit en sa bonne étoile et pense qu’on est des boulets, juge un ex-allié. Avec Jean-Luc, c’est toujours la même chose : il pense qu’il est plus fort quand il tue ses partenaires potentiels. » De quoi sérieusement inquiéter Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, troisième force du Front de gauche, qui craint une « logique de guerre entre le PCF et Mélenchon » et « un engrenage mortifère ».

Lancée sans concertation avec les communistes, la déclaration de candidature de M. Mélenchon, le 10 février, avait abouti à creuser un fossé qui ne demandait qu’à s’élargir depuis les municipales de 2014. Critiquant une démarche « trop présidentialisée », le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, avait annoncé vouloir construire une candidature de rassemblement autour d’un « pacte d’engagements communs » qui sera soumis à « une votation citoyenne » en octobre. Ce n’est qu’en novembre que le PCF se déterminera sur le nom de son candidat.

Sujets de discorde

En interne, le cas Mélenchon divise : certaines personnalités, comme l’ex-numéro un du parti Marie-George Buffet, ont déjà annoncé leur soutien au candidat de « La France insoumise ». « Nous irons au bout de notre feuille de route, rien ne nous arrêtera », prévient cependant M. Dartigolles qui regrette « l’attitude de Jean-Luc Mélenchon qui consiste à dire "qui ne pense pas comme moi est contre moi"».

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Mais plus le temps passe, plus les sujets de discorde s’accumulent. Il y a cinq ans, la candidature de M. Mélenchon et le programme L’Humain d’abord étaient le fruit de compromis. Nucléaire, projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, UE : sur tous ces sujets, le député européen est aujourd’hui libre de ses déclarations. Au lendemain du Brexit, vendredi 24 juin, ses propos comme « candidat de la sortie des traités » sont restés en travers de la gorge de plusieurs communistes.

Autre point de friction : les législatives. Pour la formation de M. Laurent, ces élections sont le véritable enjeu de 2017. Il y a cinq ans, malgré les 11,1 % de M. Mélenchon à la présidentielle, le PCF avait quasiment divisé par deux le nombre de ses députés. Le fondateur du PG leur reproche de commencer les investitures et annonce que des candidats de « la France insoumise » seront désignés dans toutes les circonscriptions. « C’est une façon de dire qu’on ne recommencera pas comme en 2012 où il y a eu une campagne présidentielle et 577 campagnes législatives », indique Eric Coquerel, le patron du PG. Traduction de Roger Martelli, un ancien dirigeant du PCF qui a quitté le parti et vient de rejoindre la démarche de M. Mélenchon : « Si le PCF ne veut pas de candidats contre les siens, il faut qu’il se rallie à La France insoumise. »

Quelle sera au final la décision du PCF ? Présenter un candidat communiste ? Chacun a en tête la présidentielle de 2007 où Marie-George Buffet n’avait obtenu que 1,93 % des voix. Soutenir un frondeur ? A ce titre, l’organisation de la primaire du PS ne fait pas leur affaire. En dehors de M. Mélenchon, le champ des possibles commence à se restreindre. « Plus ils attendent, plus ça apparaîtra comme un ralliement imposé et une défaite des communistes », estime M. Martelli. S’il veut retrouver la dynamique de 2012, M. Mélenchon n’a, lui non plus, aucun intérêt à un rassemblement dans de telles conditions.

Raphaëlle Besse Desmoulières

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