Franco-American History - Nos frères des États-Unis - Marianopolis College

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2001年08月13日

Gosselin, Paul E., ォ Nos fr鑽es des ノtats-Unis サ, Le Canada Fran軋is, 1937.

La litt駻ature franco-am駻icaine s'est enrichie, ? quelques mois d'intervalle, de deux ouvrages remarquables. M. Josaphat Benoit a publi? aux ノditions Albert L騅esque de Montr饌l la th鑚e qui lui a valu un doctorat 鑚 lettres en Sorbonne : L'ツme franco-am駻icaine (1). Le m麥e 馘iteur vient de consacrer un second volume de ses ォ Documents sociaux サ ? nos compatriotes des ノtats-Unis : Les Franco-Am駻icains peints par eux-m麥es (2).

Nous n'avons pas l'intention d'analyser ces deux oeuvres d'un int駻黎 primordial pour ceux que passionne la survivance fran軋ise en Am駻ique. Nous ne commettrons pas davantage l'imprudence de mettre en parall鑞e deux livres d'inspiration totalement diff駻ente. Notons seulement que le volume de M. Josaphat Benoit est le fruit d'un long travail de recherches historiques et d'une lente 駘aboration litt駻aire. Le livre publi? par les soins de l'Association canado-am駻icaine renferme une s駻ie de causeries radiophoniques prononc馥s au poste CKAC par diverses personnalit駸 franco-am駻icaines.

Les auteurs et l'馘iteur de ces ouvrages se sont propos?, semble-t-il, de faire conna?tre les Francos dans le Qu饕ec. Cette entreprise 騁ait, il faut l'avouer, quelque peu n馗essaire. Nous ignorons volontiers nos fr鑽es d'outre-quarante-cinqui鑪e et il arrive parfois que des ォ patriotes サ de chez nous haussent les 駱aules lorsqu'on leur parle des Francos, de leurs luttes pour la survivance, de leurs espoirs dans le pr駸ent et dans l'avenir. II n'y a dans cette attitude ni m駱ris ni indiff駻ence, mais cette conviction trop h穰ivement form馥 qu'aucune race ne saurait demeurer elle-m麥e dans le ォ melting-pot サ am駻icain.

II est ind駭iable que de graves p駻ils menacent l'穃e franco-am駻icaine. Nous aurons l'occasion de les signaler dans le cours de cet article. Ce qui est 馮alement certain, c'est que les vouloirs de permanence ethnique sont g駭駻eux, qu'il se fait dans les groupements franco-am駻icains un admirable travail de survivance catholique et fran軋ise et que si les d馭ections sont nombreuses, les fid駘it駸 se multiplient avec les berceaux et les ann馥s. En ces semaines qui pr馗鐡ent le deuxi鑪e Congr鑚 de la Langue fran軋ise en Am駻ique, un v駻itable r騅eil national s'op鑽e dans les centres fran軋is des ノtats-Unis. Et l'on peut regretter que la presse fran軋ise du Qu饕ec ne fasse pas plus large dans ses colonnes la place ? ce r騅eil et ? ces entreprises de r駸istance ? l'assimilation.

Les Francos existent, ils luttent, ils grandissent. En juin prochain, ils seront ? Qu饕ec nombreux et enthousiastes. Il importe que Qu饕ec soit pr黎 ? les accueillir et pour cela, il faut que Qu饕ec r饌pprenne au plus t?t ce qu'il n'aurait jamais d? ignorer : l'histoire de nos compatriotes franco-am駻icains. Le pr駸ent article voudrait signifier ? nos co-nationaux des ノtats-Unis que Qu饕ec pense ? eux. Il voudrait surtout 騅eiller en chaque Canadien fran軋is un d駸ir : celui de conna?tre les volumes que les ノditions L騅esque viennent de consacrer aux Francos et par ces volumes les gestes magnifiques accomplis au-del? de la fronti鑽e canadienne pour le maintien de l'h駻itage fran軋is en terre d'Am駻ique.

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La race fran軋ise n'est pas en terre d'Union une 騁rang鑽e. Ce sont ses fils qui ont d馗ouvert la plus grande partie des territoires am駻icains et qui ont ouvert ces territoires ? la civilisation. L'histoire primitive des ノtats-Unis est ? demi fran軋ise. Feuilleter cette histoire, c'est y rencontrer ? chaque pas des noms de chez nous : Marquette, Jolliet, Hennepin, Lamothe-Cadillac, Le Moyne de Bienville. タ la suite des explorateurs, viennent les premiers colons : huguenots chass駸 de France par la r騅ocation de l'馘it de Nantes, fondateurs de la Louisiane. Cette 駱op馥 primitive des Francos se continue dans la vie am駻icaine par le groupement fran軋is de la Nouvelle-Orl饌ns et par des personnalit駸 de premier plan, tels les Du Pont de Nemours. Comment ne pas mentionner qu'en 1776 c'est une escadre fran軋ise qui assura aux ノtats r騅olt駸 contre l'Angleterre la victoire et l'ind駱endance ? . . . .

Les descendants des premiers colons louisianais re輹rent en 1755 une partie des Acadiens chass駸 de leur malheureux pays par Lawrence et ses affid駸. Des Canadiens fran軋is se fix鑽ent dans le Maine et le Vermont ? la faveur du trait? de paix de 1763, trait? qui laissait impr馗ises les fronti鑽es canado-am駻icaines. Quelques-uns d'entre eux lutt鑽ent contre l'Angleterre durant la guerre de l'Ind駱endance. De 1763 ? 1831, il y eut un va-et-vient constant mais peu consid駻able entre le Canada et les ノtats-Unis. La r饕ellion de 1837 for軋 plusieurs patriotes ? franchir la fronti鑽e. Certains ne revirent jamais leur patrie d'origine.

C'est l'ann馥 1841 qui marque la seconde 騁ape de l'histoire franco-am駻icaine. En cette ann馥-l? s'amor軋 le grand courant migratoire qui, en trois quarts de si鐵le, devait transplanter en territoire am駻icain pr鑚 d'un million de Canadiens fran軋is. Ce fut d'abord une ru馥 vers les mines d'or de la Californie. Le d騅eloppement des communications, l'industrialisation rapide de la Nouvelle-Angleterre, le marasme 馗onomique en terre canadienne acc駘駻鑽ent la pouss馥 canadienne-fran軋ise vers le sud-est du continent am駻icain.

Ainsi s'effectua, presque sans secousse, sous les yeux d'un gouvernement complice, cette migration forc馥 de tout un peuple. L'on s'est apitoy?, et avec raison, sur les dix mille Acadiens dispers駸 par les tyranneaux d'Halifax. Quel historien racontera cette autre dispersion qui a oblig? un million de Canadiens fran軋is ? quitter le sol de la patrie pour aller reconqu駻ir sous des cieux 騁rangers le droit ? la vie et recommencer dans des conditions extr麥ement p駭ibles les combats pour la survivance religieuse et fran軋ise ? L'exode des Franco-Am駻icains est une tache ineffa軋ble dans l'histoire politique de notre pays, et l'on peut se demander si, dans les sph鑽es administratives, cette calamit? doit 黎re attribu馥 ? la seule impr騅oyance des ministres anglais et ? la seule l稍het? des chefs de notre race.

Depuis 1929, les fronti鑽es am駻icaines sont ? peu pr鑚 ferm馥s ? l'駑igration. La crise s騅it au pays de l'Oncle Sam comme chez nous. La situation des Francos tend ? se stabiliser au point de vue num駻ique. Seul le coefficient des naissances en rythmera d駸ormais l'騅olution. Il reste ? se demander quelles sont les positions nationales des deux millions et demi de Fran軋is n駸 ou 駑igr駸 en territoire am駻icain.

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Les premiers 駑igrants canadiens-fran軋is se dispers鑽ent sur tout le territoire am駻icain. Cela explique que l'annonce du deuxi鑪e Congr鑚 de la Langue fran軋ise ait r騅駘? l'existence d'?lots fran軋is dans tous les ノtats de l'Union. Les deux groupements les plus consid駻ables, les plus en 騁at de r駸ister ? l'assimilation sont 騁ablis aux deux extr駑it駸 de la vaste R駱ublique : en Nouvelle-Angleterre et dans la Louisiane. タ la faveur du nombre et de divers facteurs historiques, les Francos de ces r馮ions ont pu mettre sur pied des organismes de survivance religieuse et nationale. Nous essaierons de dire bri钁ement comment s'est organis馥 la survivance en Nouvelle-Angleterre. Nous passerons en revue les principaux 駘駑ents de r駸istance catholique et fran軋ise — puisque l?-bas, c'est tout un : la paroisse, l'馗ole, le journal et les soci騁駸 patriotiques.

La paroisse est ? la base de la vie sociale chez les Canadiens fran軋is et c'est un 駑erveillement pour les 騁rangers que de constater la simplicit?, l'efficacit? et la vigueur de notre rouage paroissial. タ peine 騁ablis dans les centres industriels de la Nouvelle-Angleterre, les Francos se sont group駸 en paroisses, encourag駸 la plupart du temps par les chefs religieux des dioc鑚es auxquels ils appartenaient. Des pr黎res leur sont venus nombreux et d騅ou駸 de la vieille province de Qu饕ec. Au prix de lourds sacrifices, on a b穰i 馮lise et presbyt鑽e. Autour de ce noyau, s'est form馥 la paroisse et, comme naturellement, sur les activit駸 religieuses se sont greff馥s les activit駸 sociales, 馗onomiques ou nationales. De sorte que, au t駑oignage de M. Josaphat Benoit, la paroisse a 騁? vraiment l'穃e de la survivance religieuse et nationale chez les Francos.

Le d騅eloppement de l'organisation paroissiale fut quelque chose de prodigieux entre les ann馥s 1867 et 1929. C'est ainsi que dans le Massachussets, soixante ann馥s de labeur opini穰re ォ ont fait surgir une chr騁ient? franco-am駻icaine de 268.000 穃es, comptant 270 pr黎res, 849 religieux et religieuses, 78 馮lises, 81 馗oles, six couvents, deux coll鑒es, quatre hospices, trois h?pitaux et trois orphelinats サ. L'ノglise franco-am駻icaine compte actuellement 1242 pr黎res, 3128 religieux et religieuses, 498 馮lises. Une seule ombre au tableau : les pasteurs venus du Qu饕ec font place peu ? peu ? de jeunes clercs qui ont grandi dans l'ambiance am駻icaine. Le nouveau clerg? sera-t-il comme l'ancien ? la hauteur de la position ? On peut se le demander.

L'馗ole est le grand champ de bataille sur le terrain religieux comme sur le terrain national. Qui a la jeunesse, a l'avenir. Les Francos l'ont compris. Ils ont fait un immense effort pour implanter chez eux des institutions d'enseignement primaire et secondaire respectueuses de leurs croyances et de leurs origines. En territoire am駻icain, les 馗oles officielles sont neutres au point de vue religieux et anglaises. Cependant l'ノtat fait preuve d'une tr鑚 large tol駻ance ? l'馮ard de l'馗ole libre protestante, catholique ou juive, quand il ne va pas jusqu'? l'encourager. タ la faveur de ce r馮ime de libert?, les Francos, imitant en cela un grand nombre d'Am駻icains, de toutes races et de toutes religions, ont substitu? l'馗ole libre ? l'馗ole neutre dans la plupart de leurs paroisses.

Au point de vue num駻ique, on compte en Nouvelle-Angleterre 239 馗oles franco-am駻icaines, 32 couvents, 5 coll鑒es, dont deux au moins dispensent un enseignement secondaire ou primaire sup駻ieur : le coll鑒e de l'Assomption ? Worcester et le coll鑒e Mont Saint-Charles ? Woonsocket (statistiques de 1933). タ l'heure actuelle, plus de 120.000 jeunes Francos fr駲uentent ces 騁ablissements scolaires. La part y est faite tr鑚 large ? la langue anglaise et aux institutions am駻icaines, mais, en g駭駻al, les 駘钁es de ces 馗oles ont l'avantage d'y apprendre le fran軋is et de puiser dans l'騁ude des mati鑽es de classe un peu de fiert? nationale, l'amour du pass? et le souci d'y conformer l'avenir. Il convient de mentionner en passant le nombre relativement 駘ev? de Francos qui viennent chaque ann馥 demander ? la province de Qu饕ec une formation int馮ralement catholique et fran軋ise.

La presse de langue fran軋ise aux ノtats-Unis n'est gu鑽e connue chez nous. Cependant elle a jou? un r?le consid駻able et elle continue de tenir une place de premier plan dans la vie franco-am駻icaine. En moins d'un si鐵le, au t駑oignage de M. Josaphat Benoit, les Francos ont lanc? pr鑚 de 250 p駻iodiques de tout format. Le premier journal r馘ig? en langue fran軋ise aux ノtats-Unis fut le Courrier de l'Am駻ique paru en 1784. En 1828, naissait ? New-York le Courrier des ノtats-Lnis, qui est disparu r馗emment apr鑚 avoir f黎? son centenaire d'existence. II faut se h穰er d'ajouter qu'aucun autre journal franco-am駻icain n'a connu cette bonne fortune et que la plupart d'entre eux ont v馗u ce que vivent les roses : l'espace d'un matin.

Le journalisme franco-am駻icain compte de beaux noms. Ainsi Ludger Duvernay, exil? dans le Vermont ? la suite des troubles de 1837-38, y fonda le Patriote. Mais le grand journaliste fran軋is des ノtats-Unis fut Ferdinand Gagnon. Il devait mourir pr駑atur駑ent ? l'稟e de 36 ans apr鑚 avoir mis sur pied trois hebdomadaires et en laissant une oeuvre durable. Il reste des 250 publications lanc馥s par les Francos six quotidiens et une quinzaine d'hebdomadaires. Les plus connus dans le Qu饕ec sont le Travailleur, l'Ind駱endant et le Messager. Cette presse fran軋ise dessert environ 200.000 familles et m鈩e vaillamment la lutte pour la survivance.

Les ノtats-Unis sont, a-t-on dit, le paradis des clubs et des soci騁駸 de toutes esp鐵es. Les Francos se sont adapt駸 ? leur milieu sur ce point. Leur premi鑽e soci騁? nationale, la soci騁? Lafayette, fut fond馥 d鑚 1848 ? D騁roit. Depuis lors, on estime ? au-del? de 400 les soci騁駸 organis馥s par les Francos. De ce nombre une centaine subsistent. La multiplication des soci騁駸 avait de nombreux inconv駭ients. Des tentatives de fusion furent faites. Une premi鑽e en 1881 groupa dans la Soci騁? Jacques-Cartier un bon nombre de Francos du Rhode-Island. Une seconde donna naissance en 1896 ? la Soci騁? Canado-Am駻icaine, dont le si鑒e social est ? Manchester. L'Union Saint-Jean-Baptiste d'Am駻ique, groupait en 1935 plus de 50.000 membres et avait en caisse un actif d'au-del? de cinq millions de dollars. Cette soci騁? a r騅駘? derni鑽ement l'existence en Californie de 70.000 Francos, dont 25.000 ? Los Angeles et 15.000 ? San Francisco. II faut ajouter ? cette nomenclature tr鑚 rudimentaire la soci騁? acadienne l'Assomption, qui a vu le jour ? Waltham dans le Massachussets et dont le si鑒e social est aujourd'hui en terre acadienne, dans la cit? 駱iscopale de Son Excellence Monseigneur Melan輟n.

Ces soci騁駸 sont g駭駻alement 騁ablies sur une base d'affaires, mutualit? ou assurance-vie. Mais par l'esprit qui les anime, par les brochures qu'elles publient, les Congr鑚 qu'elles ont l'occasion de tenir, elles sont un facteur appr馗iable de survivance nationale. Quelques-unes d'entre elles sont des soci騁駸 proprement historiques ou litt駻aires. Leurs membres accumulent les mat駻iaux d'une histoire franco-am駻icaine ou s'emploient ? la diffusion de la langue fran軋ise dans les milieux am駻icains. Certaines usent m麥e de la radio pour propager le verbe de France et c'est ? la Soci騁? Canado-Am駻icaine qu'il faut attribuer l'un des volumes qui ont inspir? cet article, Les Franco-Am駻icaine peints par eux-m麥es.

タ consid駻er tous ces facteurs, il semblerait que la survivance des Franco-Am駻icains soit d馭initivement assur馥. Pourtant, en bien des endroits, cette survivance demeure un probl鑪e crucial. Des groupements ont d駛? disparu, irr駑馘iablement noy駸 dans un formidable entourage cosmopolite, perdus au point de vue national comme au point de vue religieux. Partout ailleurs, la lutte est ardente. Il n'y a pas lieu de s'en 騁onner quand on consid鑽e les p駻ils qui menacent l'穃e franco-am駻icaine. Nous voudrions signaler trois de ces p駻ils : l'ambiance am駻icaine, l'absence de culture chez les premiers 駑igrants, le manque de coh駸ion.

Les Franco-Am駻icains sont au nombre de 2.500.000 dans un pays qui compte plus de 120 millions d'habitants. Ils sont dispers駸 sur toute la surface de ce pays et ne pr駸entent de groupements un peu compacts qu'en Louisiane et en Nouvelle-Angleterre. Ils sont un cinqui鑪e de la population au Rhode-Island, le quart dans le New-Hampshire, un tiers peut-黎re dans le Maine.

Il s'ensuit qu'? peu pr鑚 partout les n?tres sont en minorit? et qu'ils sont impuissants ? cr馥r autour d'eux une atmosph鑽e franchement catholique et fran軋ise. Ils doivent d鑚 lors subir les effets souvent meurtriers du climat am駻icain, d'un climat o? la langue parl馥 comme la langue 馗rite est l'anglais, o? domine au point de vue religieux le libre examen, au point de vue social ce que l'on est convenu d'appeler la civilisation am駻icaine. C'est dire que la jeunesse franco-am駻icaine doit lutter constamment pour conserver ses croyances et ses traditions. L'馘ucation premi鑽e puis馥 au foyer, l'instruction re輹e ? l'馗ole la pr駱arent souvent d'avantageuse fa輟n ? la lutte. Mais l? o? cette formation premi鑽e vient ? faire d馭aut, toute une g駭駻ation est m?re pour l'assimilation et souvent l'apostasie. Le cas n'est pas rare malheureusement de parents catholiques et fran軋is dont les enfants ne parlent que l'anglais et ignorent ? peu pr鑚 le chemin de l'馮lise.

タ un point de vue imm馘iatement pratique, tout semble pousser les Francos ? s'am駻icaniser. La langue est la langue des affaires, la langue indispensable ? qui veut figurer dans la vie 馗onomique, politique et sociale des ノtats-Unis. Les traditions du pays de Qu饕ec paraissent bien d駸u鑼es dans le cadre neuf des cit駸 am駻icaines. Le catholicisme lui-m麥e semble faire ombre au tableau dans la patrie de la libre pens馥. Seule l'attirance d'un pass? historique prestigieux, de fortes convictions religieuses, un nationalisme averti et agissant pourraient contrebalancer ces influences du milieu am駻icain. Tout cela a fait malheureusement d馭aut dans trop de foyers franco-am駻icains.

Les premiers 駑igr駸 騁ablis aux ノtats-Unis 騁aient pour la plupart des campagnards sans grande instruction. Ils durent s'imposer un premier effort d'adaptation, l'adaptation ? la ville et l'adaptation au m騁ier. Avant de survivre, il fallait vivre. Cet effort pr駘iminaire absorba la premi鑽e g駭駻ation canado-am駻icaine pendant plusieurs ann馥s. Pour comble de malheur, les 駘ites la?ques firent d馭aut ? ces masses agricoles brusquement transplant馥s dans les cit駸 am駻icaines. Ainsi abandonn駸 ? eux-m麥es, sans chefs autres que leurs pasteurs, il est merveilleux que ces paysans et fils de paysans se soient si rapidement et si spontan駑ent transform駸 en citadins et que souvent, apr鑚 avoir organis? de superbe fa輟n la survivance 馗onomique, ils aient tent? un gigantesque effort de survivance nationale.

Il n'en reste pas moins que le manque de culture chez les premiers 駑igr駸 et l'absence de classes dirigeantes ont 騁? causes de lamentables d馭ections au sein des groupements franco-am駻icains. La situation s'est am駘ior馥 depuis quelques ann馥s. Bon nombre de Francos se sont form駸 dans leurs 馗oles, dans les coll鑒es et dans les universit駸 de la province de Qu饕ec et sont retourn駸 exercer dans leur milieu d'origine avec leur profession un apostolat patriotique 駑inemment fructueux. Une litt駻ature franco-am駻icaine s'饕auche. Des penseurs avertis scrutent le probl鑪e de la survivance, posent ce probl鑪e devant la masse, essaient d'騅eiller cette derni鑽e aux fiert駸 anciennes, aux exigences d'une vie nationale gardienne de la vie religieuse.

Mais il arrive parfois que de vigoureuses campagnes nationalistes d馮駭鑽ent en luttes de clans. L'histoire franco-am駻icaine renferme des pages un peu tristes. Des Francos ont pouss? l'esprit de chicane jusqu'? faire cause commune avec l'ennemi. On ne s'entend pas toujours sur les tactiques ? adopter, sur les m騁hodes ? prendre en face d'attaques venues de milieux 駑inemment respectables. Il arrive que la politique aggrave ces dissensions intestines. On a alors le spectacle de majorit駸 franco-am駻icaines partag馥s en deux camps et favorisant par leur d駸union l'accession aux fonctions publiques de candidats anglais ou juifs. Et puis, il faut bien l'avouer, les points de ralliement font un peu d馭aut. Peu d'id馥s-forces, aucune grande figure historique qui s'impose ? la foule, rien qui puisse cristalliser d'imm馘iate fa輟n les aspirations confuses et les timides vouloirs de survivance nationale !

Qu饕ec aurait d? 黎re ce point de rencontre des 駭ergies franco-am駻icaines. Qu饕ec s'est d駻ob? ? la t稍he. Les Francos sont venus vers nous : 騁udiants de coll鑒es et de couvents, p鑞erins d'un jour au pays des anc黎res, messagers de minorit駸 en p駻il. Nous ne sommes gu鑽e all駸 vers eux. Le clerg? a fait sa part comme toujours. La classe professionnelle n'a pas eu conscience des t稍hes magnifiques qui l'attendaient outre quarante-cinqui鑪e. Rien ne la pressait d'駑igrer que l'appel d'un devoir ? remplir. Dans les circonstances un peu difficiles, l'appel du devoir est rarement entendu d'un grand nombre d'hommes.

Nous aurions pu du moins composer ici m麥e une atmosph鑽e sympathique aux Francos et, ? la faveur de cette atmosph鑽e, organiser un service de communications et de ravitaillement intellectuels. Il ne se fit ? peu pr鑚 rien de positif et de durable. Des propos regrettables furent tenus dans les sph鑽es officielles, propos dont on a un peu exag駻? la port馥 l?-bas. Le peuple se souvint pendant quelques ann馥s et finit par oublier. Les minorit駸 canadiennesfran軋ises pers馗ut馥s sollicit鑽ent le concours du Qu饕ec. On crut qu'il y avait des possibilit駸 de survivance pour ces minorit駸 dans le cadre f馘駻atif et qu'aux ノtats-Unis l'assimilation 騁ait in騅itable. On se porta au secours des 500 000 Fran軋is de l'Ontario, de l'Ouest et des Maritimes et on laissa les deux millions de Franco-Am駻icains organiser seuls la r駸istance. Plus encore que les dissensions intestines et le manque de chefs, cet abandon a 騁? fatal ? nos compatriotes des ノtats-Unis. Nous leur devions cet aveu d'une indiff駻ence que certaines circonstances historiques peuvent expliquer sans trop l'excuser.

Notre effort de survivance s'est surtout port? jusqu'ici de l'est ? l'ouest, et bien peu du nord au sud, et cependant le quadrilat鑽e form? par le Nord-Est ontarien, le Qu饕ec, la Nouvelle-Angleterre et l'Acadie renferme plus de quatre millions de Fran軋is, soit les quatre cinqui鑪es de la population fran軋ise de l'Am駻ique du Nord. Ce fait ne commande-t-il pas une orientation nord-sud autant qu'est-ouest de notre politique de survie nationale ?

Il ne saurait 黎re question 騅idemment de restreindre notre assistance aux minorit駸 de l'Ouest, mais nous estimons urgente une 騁roite collaboration des deux groupements fran軋is les plus consid駻ables : celui du Qu饕ec et celui de la Nouvelle-Angleterre. Le probl鑪e des minorit駸 sera 騁udi? et discut? en s饌nces du deuxi鑪e Congr鑚 de la Langue fran軋ise. N'y aurait-il pas lieu de former d鑚 maintenant un Comit? charg? sp馗ialement d'examiner la situation de ces minorit駸 en terre canadienne, acadienne, franco-am駻icaine et louisianaise, les possibilit駸 de coop駻ation entre celles-ci et la province de Qu饕ec, de d饕attre le probl鑪e en juin prochain avec les repr駸entants de ces minorit駸 ? Le Congr鑚 serait alors pour les rameaux 駱ars de notre race un ォ geste de vie サ 駑inemment pratique et durable.

(1) Josaphat BENOIT. L'ツme franco-am駻icaine. Un vol. in-12 de 250 pages. ノditions Albert L騅esque, Montr饌l.

(2) Les Franco-Am駻icains peints par eux-m麥es. Avant-propos par Adolphe ROBERT, pr駸ident de l'Association canado-am駻icaine. Un vol. in-12 de 288 pages. ノditions Albert L騅esque, Montr饌l.

Source : Paul E. Gosselin, pr黎re, ォ Nos fr鑽es des Etats-Unis サ, dans Le Canada fran軋is, Vol. 24, avril 1937, pp 750-759.

ゥ 2001 Claude B駘anger, Marianopolis College

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