En-dehors du groupe des douze ap?tres qui partirent diffuser le message de J駸us-Christ ? travers le monde, d'autres disciples et parents de J駸us cit駸 dans le Nouveau Testament ont 馮alement quitt? la Terre sainte et connu des destins 騁onnants. Tragiques ou non, leurs parcours sont rapport駸 dans la litt駻ature des premiers si鐵les et l'historiographie chr騁ienne primitive.
Arr黎ons-nous sur celui d'une poign馥 d'entre eux, ? l'origine d'une tradition populaire 騁ablie dans le sud de la Gaule romaine : la barque des saintes Maries. Cette aventure et ses implications dans l'Histoire de l'Occident chr騁ien m駻itent qu'on s'y attarde.
Le r馗it figure dans la
L馮ende dor馥 de
Jacques de Voragine, compos馥 au XIII鑪e si鐵le ? partir de l'ensemble
des
documents alors disponibles, mais on le trouve 馮alement dans les
r騅駘ations mystiques
faites par la religieuse allemande Anne-Catherine Emmerich au XIX鑪e
si鐵le.
Vers l'an 45, une dizaine de disciples de J駸us fuyant la pers馗ution d'H駻ode Agrippa se rendirent ? Jopp?, o? ils furent pris par des Juifs hostiles ? leur foi. On les condamna ? 黎re jet駸 dans une barque sans voile ni rames, et abandonn駸 en pleine mer au large de la Palestine.
Les occupants de la barque livr馥 au hasard des flots furent cependant sauv駸 par le souffle puissant d'un vent providentiel, qui les poussa jusqu'? la c?te proven軋le de Camargue o? ils accost鑽ent sans encombres ni pertes humaines. Ses occupants furent recueillis par des bergers, puis ils d馗id鑽ent de se s駱arer afin de pr鹹her l'騅angile en des lieux diff駻ents du pays.
L'histoire de la Provence traditionnelle est impr馮n馥 des r馗its plus ou moins l馮endaires du destin de ces personnages. Marie-Madeleine pr鹹ha quelques temps ? Marseille aux c?t駸 de Lazare, puis elle se retira dans une grotte de la montagne Sainte-Baume o? elle v馗ut encore trente ans. Elle mourut dans la plaine o? elle 騁ait descendue ? la rencontre de Maximin.
Maximin fut le
premier 騅麭ue d'Aix-en-Provence ; il 駘eva un oratoire en l'honneur de
Marie-Madeleine ? l'emplacement de sa mort et du futur village de
Saint-Maximin.
Les autres passagers du navire ont 馮alement leurs destins, encore grav駸 dans la m駑oire locale. Marthe s'installa ? Tarascon o? elle combattit avec succ鑚 la "Tarasque", un animal fabuleux qui d騅orait ses habitants. Son fr鑽e Lazare serait devenu le premier 騅麭ue de Marseille, demeurant dans une grotte de la rive sud du lacydon jusqu'? ce qu'il soit arr黎?, tortur? et d馗apit?. Enfin, les deux Marie Jacob? et Salom? seraient quant ? elles demeur馥s en Camargue sur le site de l'actuel village des Saintes-Maries.
La
cr馘ibilit? historique de ces r馗its n'en finit
pas d'黎re d饕attue. Le cas le plus connu et qui pr駸ente le plus
d'int駻黎
arch駮logique est peut-黎re celui de Marie-Madeleine, dont le parcours
est riche
en 駘駑ents concrets d馗ouverts ? la suite de nombreuses recherches. A
sa mort,
la sainte fut enterr馥 dans la chapelle que Maximin lui avait 馘ifi馥.
Ses
reliques y demeur鑽ent jusqu'au temps de l'invasion de la Gaule par les
Sarrasins au VIII鑪e si鐵le, 駱oque ? laquelle sa tombe fut rendue
invisible
par des chr騁iens qui craignaient une 騅entuelle profanation.
La
crypte de Saint-Maximin
(crc-resurrection.org).
Un texte du IX鑪e si鐵le attribu? ? Girart de Roussillon, fondateur de l'abbaye de V騷elay, rapporte que deux moines seraient venus chercher ses reliques en 745 ou 749 pour les porter ? V騷elay. La version proven軋le dit pourtant que les ossements de la sainte ne quitt鑽ent pas leur place de Saint-Maximin. Toujours est-il qu'apr鑚 le d駱art des Sarrazins au X鑪e si鐵le, on avait perdu la trace des reliques de Marie-Madeleine.
En 1254, le
roi de France saint Louis 騁ait
de retour d’une croisade, lorsqu'il fit un p鑞erinage ? la grotte de la
Sainte-Baume. Int駻ess? par l'駭igme des reliques, il chargea son neveu
le comte
de Provence Charles II d'Anjou, de mener des recherches afin de
retrouver les
restes de la sainte. En 1279, Charles II fit donc une enqu黎e et
entreprit des
fouilles pr鑚 du village de Saint-Maximin o? la m駑oire locale les
situait.
Charles d'Anjou explora l'ancien monast鑽e cassianite de Saint-Maximin qui renfermait quatre sarcophages d'alb穰re vides. Il d馗ida de creuser une tranch馥 profonde dans le sol. Son intuition 騁ait bonne, car il exhuma en effet un cinqui鑪e sarcophage de marbre scell?. Lorsqu'on en souleva le couvercle, une odeur suave s'en d馮agea tandis que l'on vit appara?tre les ossements en d駸ordre d'un corps humain presque entier. Etaient-ce ceux de la sainte Marie-Madeleine des 騅angiles ? L'examen de plusieurs indices allait permettre de le pr馗iser.
Au milieu des ossements 騁ait pos? un vieux morceau de li鑒e qui tomba en poussi鑽e lorsqu'on le manipula. Il cachait un petit fragment de papyrus, sur lequel une inscription latine 騁ait inscrite, et qui pouvait se traduire par :
"L'an de la Nativit? 716, au mois de d馗embre, sous le r鑒ne d'Eudes, tr鑚 pieux roi des Francs, au temps des ravages de la perfide nation des Sarrazins, tr鑚 secr鑼ement et pendant la nuit, le corps de la tr鑚 ch鑽e et v駭駻able Marie Madeleine, par crainte de ladite nation perfide, a 騁? transf駻? de son tombeau d'alb穰re dans celui-ci de marbre, car il y est plus cach?, apr鑚 en avoir enlev? le corps de Sidoine".
Le m麥e cercueil contenait 馮alement
un
globe de cire, dans lequel une planchette de bois d'apparence encore
plus
ancienne portait inscrits en latin les mots suivants : "Ici repose le
corps de Marie Madeleine".
L'identit? du corps de Marie de Magdala semblait donc authentifi馥 par deux inscriptions manuscrites.Mais ce ne furent pas les seuls indices d騁erminants. Charles d'Anjou constata que le squelette 騁ait presque complet, ? l’exception de la m稍hoire inf駻ieure qui manquait. Il eut alors une inspiration qui allait se r騅駘er providentielle. D駸irant faire reconna?tre par le Saint-Si鑒e les reliques de la sainte, il partit pour Rome en emportant le cr穗e du personnage. Lorsqu'il rencontra le pape Boniface VIII ? Saint Jean-de-Latran, il fut surpris d'apprendre qu'une m稍hoire attribu馥 ? Marie-Madeleine 騁ait pr馗is駑ent conserv馥 dans la m麥e basilique. On alla donc chercher la pr馗ieuse relique, et devant une foule de t駑oins rassembl馥 pour l'occasion, on confronta les deux parties de la t黎e : elles se compl騁aient exactement !
Ce r駸ultat spectaculaire suscita l'enthousiasme g駭駻al, et le pape offrit ? Charles la m稍hoire inf駻ieure. Le comte rapporta donc en Provence le chef complet, qui reprit sa place dans le caveau. La nouvelle de l'authenticit? v駻ifi馥 des reliques se r駱andit dans l'Occident chr騁ien.
Pour honorer la m駑oire de Marie-Madeleine, une somptueuse basilique fut 駻ig馥 au-dessus de la tombe. Aujourd'hui encore, un escalier descend depuis la partie gauche de la vaste nef vers une petite crypte, qui contient quatre splendides sarcophages de pierre orn駸 de bas-reliefs. Ce sont ceux de Maximin, de Sidoine, de Marcelle et de Marie-Madeleine. Cette derni鑽e repose dans celui du fond, sur lequel est pos? un reliquaire contenant son cr穗e. Lorsqu’on emprunte la vol馥 de marches qui descend dans cette cave, on se trouve ainsi face au premier t駑oin de la Resurrection de J駸us-Christ.
R馭駻ences :
[1] - Association de soutien
? la tradition des saints de Provence (saintsdeprovence.com).
[2] - Fr. Ph.
Devoucoux du Buysson O.P. : "Marie-Madeleine
repose-t-elle ? Saint-Maximin ?".Cahiers
de la Sainte-Baume No 6,
1er d馗. 1989.
[3] - U.
Villevieille : "Nos saints de Provence". C.P.M. Marcel Petit,
Raph鑞e-les-Arles
1995.
[4] - "La
basilique de Saint-Maximin". Association
des amis de la basilique
Sainte-Marie-Madeleine (lesamisdelabasilique.fr).
[5] -
G.
de Nantes : "Sainte
Marie-Madeleine est-elle
venue en Provence ?" Il est
ressuscit? nー 83, juillet 2009 (crc-resurrection.org).
[6] -
Fr. Ph.
Devoucoux du Buysson,
O.P.
: "Visite
de
la basilique de
la Madeleine ? Saint-Maximin. Suivez le guide !". Maison Marie
Magdeleine (afsmm.assoc.pagespro-orange.fr).